Le 8 mars, il y a la Journée des Femmes.
Cette année, j'ai pris un jour de RTT... et je suis allée chez le coiffeur !
- Pas envie, plus envie d'aller manifester?
C'était pourtant sympa, l'année dernière. Le samedi. Dans les rues de Paris. Avec en souvenir une blague Carambar, et des mots expliqués à ma fille. Expliqués... ou non : lesbophobie - érotisme.
Dans un sursaut, j'ai quand-même réussi à me bouger; et je suis allée à une manifestation dans ma ville.
Et je suis tombée en plein sur la 1ere adjointe; enfin, c'est elle qui m'est tombée dessus, la 1ere adjointe aux Droits des femmes. Toute guillerette, elle m'a saluée, expliquée et vantée de long en large, une super-méga-ultra intéressante conférence sur... je ne sais plus !
Et ensuite, je suis restée pour le discours du Maire de ma ville.
La 1ere adjointe était là, toujours aussi guillerette... muette, maintenant ! A écouter Monsieur le Maire? Comme au conseil municipal? Ce conseil où les femmes élues ne prennent que très peu la parole. ( statistiques ici !) Tellement peu que j'en arrive à me demander :
- à quoi ça sert, la parité?
Quelques extraits et analyse de son discours.
Monsieur le Maire a déclaré - A [nom de la ville], la journée de la femme s’étend sur une semaine
- Pas une journée, pas deux, pas trois... une semaine. Mais oui, Mesdames... Mais oui, venez et regardez, touchez mes belles salades.
Ensuite un rappel des manifestations dans la ville; un détour sur l'origine de "la Journée des femmes"
- Tiens, cette fois-ci, il a bien dit"des femmes"...
Puis Monsieur le Maire a souri, un peu d'humour : Il m’arrive ainsi d’entendre : Les femmes, c’est toute l’année ! Qu'ils se rassurent, je suis entièrement d'acoord avec eux.
Il a poursuivi en donnant des chiffres : inégalités salariales, nombre de femmes victimes de violence... jusqu'à :
Je crois qu’il est important, pour lutter contre ces inégalités, de réfléchir à la création d’un un ministère dédiés aux droits des femmes.
- Un ministère dédié aux Droits des Femmes... Comique !
Quand on pense qu'il y a une adjointe aux Droits des femmes dans la ville et qu'il a fallu pourtant que je me batte pendant deux ans, pour une simple délibération; cette délibération pour la possibilité de remboursement des frais de garde pour élu.es non indemnisé.es; cette délibération, passée au bout de deux ans... parce que j'ai tenu bon; parce que des amis, des élus d'autres villes m'ont aidé et accompagné dans ce combat.
Et pour finir, le Maire parle de moi... "Je veux avoir une pensée pour toutes les autres, les femmes, « comme on dit » ordinaires, les femmes oubliées, les femmes dont on ne parle pas.
Je veux parler de celles qui luttent pour s’imposer dans des milieux masculins, [...], dans la vie politique [...],
Je veux parler de celles qui, jour après jour, doivent faire acte de courage pour contrebalancer les injustices qui perdurent, si minimes soient-elles.
- Il parle de moi... il pense à moi
Oubliée, banale, ordinaire... Je suis une femme et j'essaie de m'imposer dans ce conseil municipal, de s’imposer dans des milieux masculins, pour contrebalancer les injustices.
- Il parle de moi... il pense à moi
ça, c'est mon interprétation; cela n'engage que moi. Et c'est la le talent du Maire, il faut le reconnaître.
- il a dit "faire acte de courage"
et je fais donc acte de courage, et je reconnais : pour une fois, je suis d'accord avec le Maire de ma ville...
et, surtout, je suis un brin vexée
- Le Maire de ma ville, il manie encore mieux que moi, le sens de l'ironie et l'humour!...