Demain, le 11 novembre; et au programme des festivités dans ma ville:
- Lecture de la lettre d'un Poilu.
Que c'est original ! Et c'est à croire que les femmes, elles, n'écrivaient jamais à leur père, mari, fils...
Alors, j'invente une lettre... une lettre qui ne sera pas lue... une lettre d'une épouse à un poilu! une lettre à rebrousse poil...
Cher époux,
Porte toi bien au front. V’là des nouvelles de la ferme et du village, ça te fera plaisir ; Et pis, quoi que tu veux que je te raconte d’aut’.
Le champ de luzerne sur la parcelle des étangs, il est beau. Tu vois ben que t’aurais du m’écouter. D’puis le temps que te le disais ! Le blé, y poussait pas. La luzerne, elle pousse. J’ai ben eu raison ! Les vaches, elles se sont régalées.
A propos de vache, fô que je t’raconte. La Marie, elle attend un drôle. La garce ! C’est ben le moment avec tout le travail qu’y a à faire à la ferme. Paraît que c’est le Claude qu’a abusé d’elle. Et pas qu’une fois. Si elle me l’avait dit, c’te grande courge, je t’aurais foutu des coups de pieds au cul, au Claude ! ça aurait pas traîné ! passe que comment tu voulais que je devine, vu combien qu’elle est plate ! Comme un gardon !
On a pêché l’étang. Et des lapins… Tu comprends c’que je veux dire ; Paraît qu’y a la censure, j’t’écris pas tout. Tu comprends.
Bon, je te laisse. Demain, y’a le cheval à ferrer, le ramassage des patates … et fô que j’aille à la messe. Le curé, y sera content ! Mais moi je suis crevée. L’aut’jour, me suis même endormie sur les bancs pendant le sermon. Y se rend pas compte.
Entre la ferme, la soupe à faire le soir, ton père ta mère à s’occuper – passe qu’elle perd le ciboulot, ta mère ! c’est pas le boulot qui manque !
Allez, porte toi ben mon cher époux.
Ta Madeleine.
Au fait - j'ai réussi à mette des sous de côté.